Saint Yves
Benoît Le Roux
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur saint Yves (1248-1303)… Était-il vraiment un juriste admirable ? Pourquoi cette piété des Bretons à son égard ? Mais aussi : s’appelait-il Yves ou Erwan, Hélary ou Hélouri ? Que signifie son nom ? [...] Quels miracles l’a-t-on vu accomplir ?
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur saint Yves (1248-1303)…
Était-il vraiment un juriste admirable ? Pourquoi cette piété des Bretons à son égard ?
Mais aussi : s’appelait-il Yves ou Erwan, Hélary ou Hélouri ? Que signifie son nom ? Était-il vraiment d’une famille noble ? Qui étaient ses amis ? Quelle(s) langue(s) parlait-il ? A-t-il fait le Tro Breiz ? Quels miracles l’a-t-on vu accomplir ? A-t-il rencontré saint Louis ou saint Thomas d’Aquin, ses contemporains ? Quelle est la part de la légende ?
Benoît Le Roux n’a laissé aucun aspect dans l’ombre. Il a lu toute la littérature précédente sur saint Yves, mais, avant tout, l’enquête de canonisation (en latin) de 1330, le seul texte qui fasse entendre les témoins de sa vie.
C’est donc avec rigueur, mais aussi avec une véritable empathie pour le personnage et pour l’époque, que ce livre a été écrit.
Plusieurs annexes (sur les miracles, le dicton et le cantique, etc.), une carte, des index, un abondant glossaire des termes historiques et religieux complètent cet ouvrage qui fera date dans la bibliographie du patron secondaire de la Bretagne.
Benoît Le Roux est né à Saint-Quay-Portrieux… d’une mère native de Lanvollon où est passé souvent saint Yves. Agrégé de lettres classiques et docteur de l’université, il est connu pour ses biographies d’Aragon, Maupassant, Tocqueville, plus récemment d’Evelyn Waugh (L’Harmattan, 2003), et Louis Veuillot (P. Téqui, 2005). Il revient ici à ses racines bretonnes, et aborde le « beau Moyen Âge », à partir de l’enquête de canonisation d’Yves Hélory, qui fait revivre toute une époque.
Dans la presse
Ouest-France, 19-20 mai 2012
« Le vrai saint-Yves derrière la légende »
Costarmoricain, agrégé de lettres classiques, longtemps professeur de latin, Benoît Le Roux vient de publier un nouvel ouvrage sur saint Yves.
Motivation. On a déjà beaucoup écrit sur saint Yves. Pour autant, Benoît Le Roux a voulu « aller au-delà des légendes, des images qui se sont construites autour du personnage. Et chercher, derrière les légendes accumulées depuis sa mort, le vrai saint Yves ».
Méthode. L’auteur a voulu aller au plus près de saint Yves. Et « éviter les raccourcis ». Le portrait de Benoît Le Roux repose donc essentiellement sur l’enquête de canonisation. Un procès-verbal dont une copie découverte en 1884 par l’historien Arthur de La Borderie est conservée à la bibliothèque de Saint-Brieuc.
L’homme. Alors quel nouveau saint Yves apparaît sous la plume de Benoît Le Roux ? « C’était un grand émotif. Il semble qu’il riait et pleurait beaucoup. Il avait aussi un tempérament rugueux, il était capable de belles colères, notamment contre les gens qui intentaient des procès sans raison. »
Le juriste. Homme de loi, saint Yves l’a sûrement été. Plusieurs témoignages font état du juge et de l’avocat qu’il a été. « L’un de ceux qui fut vraisemblablement l’un de ses huissiers dit qu’il écoutait plus volontiers les pauvres que les riches », note Benoît Le Roux. Sa notoriété en la matière ? Peut-être amplifiée par une homonymie selon le biographe. « Yves de Chartres était un saint vénéré. Il est probable que la confusion entre les deux Yves joue un rôle dans la rapide diffusion dans toute l’Europe du culte de saint Yves de Tréguier comme patron des juristes. »
Le breton. Saint Yves parlait breton. « C’était sa langue maternelle. Sans aucun doute l’une des explications de sa grande notoriété par-delà le Trégor », note Benoît Le Roux.
La Nef, n° 240, septembre 2012
Agrégé et docteur ès lettres, Benoît Le Roux s’était, jusqu’à présent, fait remarquer pour ses biographies littéraires, notamment un Louis Veuillot (Paris, Téqui, 1984, plusieurs fois réédité). Fier de ses racines bretonnes, il a récemment consacré un court mais vivifiant volume à Saint Yves de Tréguier (1248-1303). Très utilement complété par une bibliographie commentée et un glossaire, le texte fait revivre Yves Hélory en s’appuyant, en particulier, sur l’enquête ordonnée par le pape Jean XXII en 1330. Clément VI devait, finalement, signer la bulle de canonisation en 1347.
Yves étudia le droit canonique à Paris et le droit romain à Orléans (puisque la bulle Super spécula d’Honorius III en avait interdit l’enseignement dans la capitale). Compétent in utroque jure (dans l’un et l’autre droit), il devint official, d’abord à Rennes (1280) puis à Tréguier (1284), fonction qu’il conserva jusqu’en 1298. L’exercice de cet office explique qu’il soit considéré comme le patron des juristes alors même qu’il n’a laissé aucune œuvre écrite, contrairement à son homonyme, l’évêque de Chartres, qui vécut deux siècles plus tôt.
Juge dans un tribunal d’Église, il s’efforçait de rétablir la concorde entre les parties. Mais souvent, il se fit aussi – et gratuitement – avocat pour les « personnes misérables ». À l’imitation de saint Martin (de Tours), il avait un profond attachement pour les pauvres. Adepte de la spiritualité franciscaine du dépouillement, il s’imposait des épreuves physiques : il portait bure, cilice et chaussures « à la cistercienne ». Cela marqua ses contemporains, tout autant que ses prédications. Étudiant sans relâche l’Écriture, saint Yves eut une vie illustrant la combinaison de l’action et de la contemplation, de la raison et de la foi.
Guillaume Bernard
Reconquête, n° 290, août-septembre 2012
Après ses biographies de divers auteurs, notre ami Benoît Le Roux se penche sur un « pays » à lui, saint Yves. Écartant toutes les légendes, les enjolivements et même les diverses traditions, il a voulu limiter son propos à ce que l’historien rigoureux peut savoir de la vie d’Yves Hélory, souvent appelé Dom Yves dans l’enquête de canonisation. Comme pour tant d’autres personnages même célèbres, cela se réduirait à presque rien si l’on n’avait, précisément, cette enquête de canonisation, menée en 1330, et publiée en 1884 par le grand historien breton Arthur de la Borderie qui en avait découvert une copie à la bibliothèque municipale de Saint-Brieuc. Les nombreux témoignages de gens qui avaient connu saint Yves, examinés et recoupés, permettent de brosser le portrait du prêtre et de relater un certain nombre de faits.
Il en ressort qu’après des études à Paris, à Orléans, puis de nouveau à Paris (où il a éventuellement pu suivre les cours de saint Thomas d’Aquin), il est devenu official à Rennes, puis à Tréguier, et l’on se souvient de lui beaucoup plus de lui comme avocat que de juge, défendant gratuitement les veuves, les orphelins, les pauvres, dont une fois contre une abbaye, et une fois contre un noble qui l’accueillait souvent dans son château…
Il fut aussi curé, d’abord de Trédrez. Benoît Le Roux souligne qu’il fut le premier curé de paroisse canonisé, et que par maints traits de sa vie il préfigure le saint curé d’Ars. Mais il se rendra surtout célèbre, en fait, par ses prêches. De diverses paroisses on l’appelait pour prêcher, et il prêcha jusqu’à Quimper. Il devient curé de Louannec, où le vicaire se plaint éventuellement qu’il n’y a plus rien à manger parce que le curé a tout donné aux pauvres. L’ancien official était alors vêtu de bure (sur un cilice) et couvert de poux…
Il fait le va et vient entre le presbytère de Louannec et sa demeure familiale de Kermartin, où il mourra. À Kermartin on voit des miséreux qui y ont table ouverte, et des clercs qui forment autour du saint « un véritable cercle d’étude et de prière », quasi monastique.
Le livre de Benoît Le Roux est distribué en 18 chapitres très brefs, suivis de six annexes, d’une bibliographie commentée, d’un index, et aussi d’un remarquable glossaire, qui explique de façon très claire les mots religieux utilisés dans le livre. C’est hélas devenu nécessaire en ce temps d’analphabétisme religieux, et ce glossaire doit être montré en exemple (de même que les quelques indications brèves mais précises qui décrivent tout le contexte historique de la vie de saint Yves).
Parmi les annexes, il y a les miracles retenus pour la canonisation, ou le fameux cantique breton à saint Yves. Il y a aussi la traduction française de l’inscription latine figurant sur la statue de saint Yves dans la cathédrale de Tréguier. « Quand tu juges, sois pour les orphelins indulgent comme un père, et viens en aide à la mère de ces orphelins comme un mari. » Il s’agit d’une citation de l’Ecclésiastique, qui s’applique bien en effet à saint Yves. À cause, nous dit Benoît Le Roux, d’une erreur de saint Jérôme, car dans la « Bible juive » la première proposition fait partie du verset précédent. Mais l’Ecclésiastique ne fait pas partie de la Bible juive. C’est même pourquoi nous n’en avons pas de texte hébreu, mais seulement la traduction grecque réalisée par le petit-fils de l’auteur; quant à la traduction latine du texte grec, elle n’est pas de saint Jérôme, quine considérait pas non plus ce texte comme canonique. Il n’y a donc pas d’erreur de saint Jérôme. Mais ce n’est certes pas cette imprécision qui peut jeter une ombre quelconque sur le travail si précis et méticuleux de Benoît Le Roux.
Yves Daoudal
L’Homme Nouveau, n° 1529 du 10 novembre 2012
Spécialiste de Veuillot et de Waugh, Benoît Le Roux entraîne ici son lecteur dans un autre monde qui appartient aussi à son univers intime. Avec saint Yves (1248-1303) nous plongeons, en effet, au cœur de la chrétienté bretonne. Partant de l’ensemble de la littérature publiée sur saint Yves (ou Erwan, Hélary ou Hélouri), et particulièrement sur le procès de canonisation datant de 1330, Benoît Le Roux entreprend une véritable enquête historique et entend ne laisser aucune question en suspens. Il ressort de ce travail mené de main de maître, écrit dans un français classique des plus agréables, le portrait d’un saint et d’une époque, d’un saint dans son époque. L’auteur le dit très bien d’ailleurs : «Les pratiques ascétiques d’Yves surprennent parfois. Mais cette volonté de perfection, de conformité à la vie du Christ l’a distingué aux yeux des témoins». Il n’est pas toujours aisé de vivre auprès d’un saint et d’un saint juriste. Mais au Ciel, il saura témoigner pour vous.
Stéphen Vallet
Lecture et tradition, n° 22, février 2013
Dans ce livre sobre, équilibré, l’auteur, au long de dix huit courts chapitres, étudie la personnalité de saint Yves dont la popularité n’a jamais faibli depuis le XIIIe siècle.
Saint Yves meurt le 19 mai 1303 (sa fête est toujours célébrée le 19 mai et si l’on a la chance de se trouver à Tréguier le dimanche le plus proche de cette date, on peut admirer la procession des membres de la basoche, en toge, se rendant de Minihy à la cathédrale Saint-Tugdual). À partir de 1309, la cour pontificale siège en Avignon, ce qui a eu l’avantage de hâter le procès en canonisation. L’enquête lancée en 1330 par Jean XXII aboutit à la bulle de canonisation signée le 19 mai 1347 par Clément VI. Une copie des minutes de ce procès a été retrouvée au XIXe siècle à la bibliothèque de Saint-Brieuc : « C’est ce qui nous a poussé à publier ce modeste essai. Nous avons des témoins. Ils permettent d’esquisser les contours d’une vie et d’un personnage. Ils incitent à rechercher, derrière les légendes accumulées depuis sa mort, le vrai saint Yves » (page 13).
À partir de ce document, Benoît Le Roux retrace la vie de saint Yves : la naissance près de Tréguier puis les études à Paris et Orléans, les années d’official (juge ecclésiastique) à Rennes où il continue d’étudier l’Écriture et décide de laisser les habits de sa charge pour la robe de bure. Ensuite, nommé à Tréguier comme official et curé de Tredez, il va exercer un ministère particulièrement fructueux ; il fera de la maison de famille un genre d’hospice et sa charité devenue légendaire rayonnera. Actif ou contemplatif ? (titre du chapitre XV) « L’un ne va pas sans l’autre, évidemment. Mais il y a eu des alternances, au cours de sa vie : l’étude sinon la prière, domine dans sa jeunesse (1262-1280) ; la prédication, le soin des pauvres et les visites aux malades, s’ajoutant à ses fonctions de curé et d’official, occupent une place énorme entre 1284 et 1298 ; dans les cinq dernières années la part de la contemplation paraît l’emporter,… » (page 80).
Ce livre court mais complet peut vraiment être proposé à un public très large : il n’y a pas de mot inutile, la présentation d’une grande clarté rend la lecture aisée même pour un enfant d’une douzaine d’années ; les annexes toutes très intéressantes complètent agréablement l’ensemble sans alourdir le corps du livre ; de plus une note d’orthographe et d’étymologie placée au début évite les malentendus sur le sujet.
Une bibliographie commentée, des index des noms ainsi qu’un glossaire des termes religieux complètent l’ensemble.
Nous terminerons par une prière citée page 92 et tirée de la messe de saint Yves du diocèse d’Angoulême :
Sancte Yvo solatium / Divinum stiffiddium / Nobis procura gratine
« Saint Yves, notre réconfort, verse en nous peu à peu la grâce de Dieu » (« mot à mot : procure-nous le goutte-à-goutte divin de la grâce »).
Juliette Colange
Fiche technique
- Couverture
- souple
- Date de parution
- mai 2012
- Dimensions
- 13.5 x 20.5 cm
- Pages
- 158