Irlande 1916
Philippe Maxence
Lundi 24 avril 1916, le soleil illumine Dublin. Vers 10 heures, les hommes des Irish Volunteers et de l’Irish Citizen Army font leur jonction avant d’investir la Grande Poste, symbole du pouvoir britannique. À midi, le jeune poète Patrick Pearse proclame : « Au nom de Dieu et des générations, l’Irlande appelle ses enfants à se rallier à son étendard et à frapper pour sa libération. » La riposte anglaise est sanglante, et pourtant moins de six ans plus tard, le drapeau vert blanc et orange flotte sur la Grande Poste.
Voici, pour mieux comprendre cette révolution, le récit complet d’une insurrection dont Philippe Maxence dresse les contours géographiques, humains, politiques et littéraires, avec le souci d’exposer les motivations de chaque camp. Une rétrospective haletante qui donne le goût des libertés qui s’enracinent.
Passionné par le monde anglo-saxon, Philippe Maxence est notamment l’auteur de Baden-Powell, éclaireur de légende et fondateur du scoutisme (Perrin, 2003), de Pour le réenchantement du monde, une introduction à Chesterton (Ad Solem, 2004), du Monde de Narnia décrypté (Presses de la Renaissance, 2005)...
Il est rédacteur en chef du bimensuel L’Homme nouveau.
Du même auteur
Pâques 1916
L'univers de Chesterton
Dans la presse
Le Figaro Histoire, n°24, février - mars 2016
A l'heure où la guerre fait rage sur le continent, la "verte Erin" s'embrase, secouant une nouvelle fois le joug multiséculaire de l'Anglais. Le lundi de Pâques 1916, à Dublin, la joie de la Résurrection laisse place à l'insurrection, et à la sanglante répression. Revenant sans détours sur les événements, l'auteur rappelle que, malgré son échec apparent, cette révolte fut paradoxalement décisive pour la libération du pays et l'avènement de la République irlandaise. Un livre haletant où se révèle "l'âme de feu" d'un pays de résistants et de catholiques indécrottables… Pierre de La Taille
Monde & Vie, mars 2016
Irlande 1916 : « Une terrible beauté est née »
Ce printemps, l’Irlande commémore le centenaire de l’insurrection qui, à Dublin, mit le feu aux poudres et déclencha la guerre d’indépendance. L’occasion de lire un excellent ouvrage de Philippe Maxence et de visionner un film majeur, Michael Collins.
“Irlandais et Irlandaises : Au nom de Dieu et des générations disparues desquelles elle a reçu ses vieilles traditions nationales, l’Irlande, à travers nous, appelle ses enfants à rallier son étendard et à frapper pour sa libération. “
Ces quelques mots firent le tour du monde, il y a cent ans. Prononcés par Patrick Pearse, ils forment la Proclamation de la République irlandaise. Un lundi de Pâques, cet avocat nationaliste et ses compagnons avaient décidé d’investir des lieux de pouvoir à Dublin – dont la Grand Poste, où fut lu le texte – afin de conquérir l’indépendance de leur pays face au pouvoir britannique. Cet événement est fondateur de l’histoire politique contemporaine de l’île d’Irlande. Les témoins de l’insurrection en comprirent l’importance, à l’image de W. B. Yeats qui déclara: « Une terrible beauté est née ».
L’insurrection de Pâques 1916 a naturellement fait l’objet, depuis un siècle, d’une abondante littérature anglophone. En France, signalons les excellents ouvrages du plus irlandais des Gaulois, Pierre Joannon, auteur d’un vibrant Michael Collins (La Table ronde, 1997, rééd. 2008) et d’une superbe Histoire de l’Irlande et des Irlandais (Perrin, 2005). Quant à Philippe Maxence, il avait déjà consacré en 2007 un ouvrage à la guerre d’indépendance irlandaise. Il a eu l’idée lumineuse de célébrer le centenaire de l’insurrection en publiant un second livre, bref et limpide : Irlande 1916 : le printemps d’une insurrection (Via Romana).
La genèse d’un soulèvement
L’ouvrage de Philippe Maxence plongera le lecteur français dans la longue mémoire irlandaise. Car si 1916 est une naissance, la gestation dura sept siècles. L’histoire irlandaise est jalonnée de vexations, de frustrations, de soulèvements ; aucun n’avait réussi jusqu’alors. Les échecs successifs n’avaient pas entamé l’ardeur du nationalisme irlandais, nourri par un vif catholicisme identitaire. Au tournant du XIXème siècle, ce dernier allait trouver dans le combat culturel et la renaissance gaélique l’occasion au peuple irlandais de retrouver sa conscience nationale. À l’aube du XXème siècle, les revendications des catholiques insulaires étaient au centre des débats londoniens. L’Irlande était, depuis l’Acte d’Union de 1800, privée de Parlement propre : les députés irlandais devaient siéger à Westminster. Or, à compter des années 1870, la question de l’autonomie irlandaise au sein du Royaume-Uni revint sur le devant de la scène. Ce projet cristallisa les tensions communautaires entre catholiques partisans de l’autonomie (Home Rule) et protestants loyalistes, majoritaires dans la province d’Ulster et vifs opposants de l’autonomie insulaire. Des deux côtés, on formait des milices et on se préparait à l’affrontement. Décidée en 1912, l’application du Home Rule fut finalement retardée en raison de la Grande Guerre. Les nuages de la guerre civile insulaire étaient momentanément chassés par l’immense conflagration continentale.
De la répression au renouveau
Avec talent, Maxence dresse cette toile de fond, indispensable pour comprendre les motivations historiques, culturelles, politiques, identitaires et religieuses des hommes qui prirent la Grand Poste en 1916. Après l’échec de commandes d’armes allemandes en 1914, l’heure de l’action était venue. Alors que des Irlandais de toutes confessions et obédiences politiques se battaient dans les tranchées sous l’uniforme britannique, les Irish Volunteers décidèrent d’ouvrir un nouveau front, intérieur cette fois. L’objectif était clair : la libération nationale. La partie semblait désespérée, après six jours de combats urbains concentrés dans la métropole dublinoise. Pearse et ses hommes devaient déposer les armes. La population civile n’avait pas suivi leur élan.
Les héros de 1916, défaits et fusillés, avaient-ils combattu en vain ? Sans doute Patrick Pearse se posait-il cette question, devant le peloton d’exécution. Il ne pouvait se douter que la victoire était là, à portée de main. Les Britanniques n’avaient pas compris que leur terrible répression allait provoquer une indignation générale et réveiller le peuple irlandais. Le socialiste James Connolly, grièvement blessé lors de l’assaut, fut exécuté sur sa chaise ; à l’image d’un autre héros, le vendéen d’Elbée, fusillé sur la grève de Noirmoutier, en 1794.
Au-delà de 1916 : lutte nationale et guerre civile
Croyant écraser le nationalisme irlandais sous les décombres de la Grand Poste de Dublin, les soldats de Sa Majesté furent, inconsciemment, les meilleurs alliés de la cause des insurgés. Des forces de tout le pays allaient se soulever et, une fois la Grande Guerre achevée, Londres devait bien se rendre à l’évidence : l’Irlande était en guerre. Une guerre asymétrique, bien différente de celle des tranchées flamandes ou picardes. L’Armée républicaine irlandaise (IRA) d’Eamon de Valera et Michael Collins menait la vie dure aux agents de la Couronne. Le brillant Michael Collins, en commanditant l’assassinat de douze espions anglais – le Gang du Caire - en novembre 1920, prit l’ascendant psychologique. En retour, les auxiliaires et Black and Tans de l’armée britannique déclenchèrent une répression aveugle, massacrant des civils irlandais assistant à une rencontre de football gaélique. C’était le premier dimanche sanglant, « Bloody Sunday », symbole d’une sale guerre où la population civile payait le prix fort.
Philippe Maxence, à juste titre, continue sa narration dans les années 1920. L’ouvrage a l’immense avantage de décortiquer les complexités d’un conflit d’indépendance qui dégénéra progressivement en guerre civile interne au mouvement nationaliste, suite au traité de Londres de 1921, fort méconnu en France.
En effet, le gouvernement britannique s’enlisant dans cet interminable conflit, il fallut bien se résoudre à négocier avec les nationalistes. Michael Collins fut appelé à Londres afin de décider des clauses d’un traité. Le 6 décembre 1921, un accord stipulait la fin des hostilités et l’établissement d’un État libre irlandais autonome (Irish Free State), disposant de son propre gouvernement et parlement, mais intégré au Commonwealth. L’évolution de la situation politique irlandaise était remarquable, mais les concessions étaient rudes pour les nationalistes : ils devaient prêter allégeance au souverain britannique et abandonner une partie de leur territoire. En effet, six comtés de la province septentrionale d’Ulster demeuraient entièrement intégrés au Royaume-Uni. En acceptant ces concessions, Collins avait « signé son arrêt de mort » et dut affronter l’hostilité de ses anciens compagnons d’armes. Menés par Eamon de Valera, les militants de l’IRA combattirent le traité et l’État libre de Michael Collins. Sinistre engrenage de violence et de haines fratricides, rythmé par les meurtres, dont celui de Collins, abattu par des hommes de main de l’IRA. Les armes finirent par se taire. L’île pansait ses plaies. Démocratiquement élu, De Valera acheva le processus d’indépendance, avec l’entrée en vigueur de la constitution de 1937. Le puzzle irlandais était presque complet, à l’exception des six comtés du nord, toujours sous la férule britannique. Ils le demeurent encore, un siècle après la prise de la Grand Poste de Dublin.
1916, une mémoire vive
Dans ces comtés du nord, la guerre a duré plus longtemps qu’au sud. Et si les armes sont aujourd’hui déposées, la mémoire demeure conflictuelle. Elle s’exprime sur de vastes fresques murales égayant les quartiers ouvriers. Dans les rues catholiques de Belfast ou Derry, l’insurrection de Pâques est omniprésente, acte de naissance d’une lutte dont les branches modernes de l’IRA moderne se voulaient les héritières. Du côté protestant, c’est un tout autre épisode de l’année 1916 que l’on peint sur les murs : la bataille de la Somme, ses coquelicots et ses tranchées où les loyalistes de la 36ème division d’Ulster exprimèrent, à la pointe de leur baïonnettes, leur fidélité à la Couronne. Les Irlandais catholiques engagés dans la Grande Guerre, eux, sont les grands oubliés des deux camps. En Irlande, 1916 est une date qui compte. Philippe Maxence, comme Pierre Joannon avant lui, l’a bien compris. Thibault Bertrand
Faits et Documents, 15 décembre 2015 au 15 janvier 2016
Rédacteur en chef du bimensuel L'Homme nouveau, l'auteur, passionné par le monde anglo-saxon nous transporte, dans un récit haletant, le lundi 24 avril 1916 à Dublin, au cœur de l'insurrection irlandaise où le jeune poète Patrick Pearse proclame: "Àu nom de Dieu et des générations, l'Irlande appelle ses enfants à se rallier à son étendard et à frapper pour sa libération." La répression anglaise sera sanglante.
LA NEF, n°280, avril 2016
Philippe Maxence est un amoureux de l’Irlande et a publié Pâques 1916. Renaissance de l’Irlande, en 2007 et Irlande 1916. Le printemps d’une insurrection, en 2015. Le premier est une excellente introduction à l’Irlande, il contient une partie historique passionnante centrée sur l’insurrection de Pâques 1916, suivie de dictionnaires indispensables des protagonistes, des institutions et mouvements. Le second est la reprise de la partie historique du premier dans un format poche à tout petit prix. À lire pour comprendre l'âme irlandaise. – C.G.
L'Homme Nouveau, n°1613, 23 avril 2016
C'était il y a près de vingt ans. Un ancien militant nationaliste breton que j'avais sollicité dans le cadre de recherches en Histoire m'évoquait ses combats de l'entre-deux-guerres. Pour ce militant et ses camarades de cette époque, les Irlandais étaient des héros et des modèles. Au-delà de la mer, un peuple celte venait de conquérir son indépendance par les armes en se libérant d'une tutelle coloniale multiséculaire. Les Bretons admiraient par-dessus tout le courage de ces femmes qui combattaient la perfide Albion: "Quand nous rencontrions les militantes irlandaises, se souvenait le vieux lutteur avec émotion, nous leur baisions les mains!". L'insurrection de Dublin, le lundi de Pâques 1916, est restée dans l'Histoire comme le point de départ contemporain de la marche vers la liberté de l'Irlande.
Dans cet ouvrage en format poche, Philippe Maxence reprend une partie de la matière de son précèdent livre sur le sujet paru il y a bientôt dix ans. C'est là une heureuse initiative. Au fil des chapitres, l'auteur suit journée par journée les épisodes d'n drame à l'issue fatale ou pendant une semaine quelques centaines de nationalistes tinrent tête, les armes à la main, à l'une des premières armées d'Europe. La ville de Dublin fut bombardée et de nombreux civils tués. Incompris de la population, en infériorité numérique et militaire, les insurgés se rendirent, les chefs furent fusillés, la répression impitoyable. Mais le mouvement irréversible du destin d'un peuple était en marche.
Au-delà de l'insurrection de Pâques, l'auteur traite également des années suivant l'insurrection, de la proclamation de l'Etat libre d'Irlande à la malheureuse guerre civile (1921-1923), qui voit se déchirer les amis d'hier à la grande satisfaction des unionistes et des Anglais, jusqu'à la proclamation solennelle de la République d'Irlande en 1949. Le point est aussi fait sur les exactions des unités britanniques d'occupation tels les sinistres Black and Tans popularisés par des films comme Michael Collins (1996) et Le Vent se lève (2007). Le livre est enfin une belle galerie de personnages: Patrick Pearse, le poète catholique, chef de file de la révolte, James Connolly, le militant syndicaliste révolutionnaire, Eamon De Valera, combattant jusqu'au-boutiste et futur premier Président de la République d'Irlande, Constance Markievicz surnommée "la comtesse rouge", le diplomate Roger Casement qui connaissait bien le régime colonial pour l'avoir combattu au Congo et en Amazonie, ou encore le flamboyant Michael Collins, organisateur de l'Irish Republican Army et chef d'état-major de l'armée de l'Etat libre d'Irlande. Alliant la rigueur de l'historien à son amour de l'Irlande, Philippe Maxence nous offre ici un beau livre de résistance et d'espérance à lire alors que l'Irlande célèbre cette année le centième anniversaire de l'insurrection de Pâques 1916.
Christophe Carichon
Politique Magazine, 19 septembre 2016
En 2007, Philippe Maxence, éminent connaisseur de l’histoire et de la question irlandaises, publiait Pâques 1916, renaissance de l’Irlande, remarquable étude du Rising, sans doute l’une des meilleures parues en français.
Le centenaire de l’insurrection de Dublin est prétexte à la publication d’une version abrégée, amputée des précieuses annexes, documents et dictionnaires qui accompagnaient la version originale, heureusement toujours disponible.
Si les spécialistes et les passionnés de l’époque, ceux qui vibrent en entendant chanter The foggy dew, savent par cœur le Rebelle de Pearse et sa proclamation de la république d’Irlande sur les marches du GPO, éprouveront une certaine frustration, force est d’admettre que ce livre, même réduit au seul récit des événements, constitue encore une excellente initiation à la période et à ses héros.
De cette tragique fin avril 1916 à l’indépendance de 1949, Maxence entraîne son lecteur sur les pas des héros de l’Irlande, fait vibrer à leurs exploits, pleurer à leur mort, démontre l’exemplarité, bien au-delà de l’île verte, de leur combat et de leur sacrifice et, dans un nouvel avant-propos sans concession pour l’Irlande actuelle, apparemment oublieuse de sa gloire passée, invite tous les Européens amoureux de leur culture et de leur terre, à s’inspirer des « héros de 1916 » pour préparer à leur tour l’insurrection et la résurrection de leurs patries.
Anne Bernet
Fiche technique
- Couverture
- souple
- Date de parution
- novembre 2015
- Dimensions
- 10 x 16 cm
- Pages
- 200