Jules Verne politiquement incorrect ?
Ghislain de Diesbach
Jules Verne, né le 8 février 1828 à Nantes et mort le 24 mars 1905 à Amiens, a écrit plus de cent livres outre des nouvelles et des articles de journaux. Mais on ne connaît guère de lui que les fameux romans des voyages extraordinaires : L’Île mystérieuse, Vingt mille lieues sous les mers, Cinq semaines en ballon…
Ghislain de Diesbach a relu intégralement l’œuvre de Jules Verne ainsi que les biographies qui lui sont consacrées pour établir cette analyse transversale et thématique du monde vernien : les serviteurs, les aristocrates, les sciences, les femmes, l’argent. Il montre à quel point l’écrivain fut à la fois homme de son temps et moraliste. En évoquant le monde intime du romancier, celui de ses sentiments devinés à travers ceux qu’il prête à ses héros, on retrouve tout l’univers mental d’une âme tout à la fois éprise des idéaux du XIXe siècle et réfractaire aux préjugés hypocritement humanitaires des XXe et XXIe siècles.
Historien renommé, biographe et essayiste, Grand Prix de la biographie de l’Académie française pour son Proust, Ghislain de Diesbach est aussi l’auteur de récits et nouvelles comme Iphigénie en Thuringe (Via Romana, 2015). Il a republié chez Perrin en 2018 une biographie de Chateaubriand.
Dans la presse
Famille chrétienne, n° 2171, 24-30 août 2019
« Jules Verne a toujours été mon grand homme », écrit Ghislain de Diesbach. Nul n’était mieux placé que ce biographe de Proust, de Chateaubriand, de l’abbé Mugnier, pour écrire non pas une biographie, mais une analyse thématique du monde vernien. Grand connaisseur de Verne qu’il apprécie plus que tout, il a relu toute son œuvre (cent livres !), dont il souligne qu’elle est très inégale : l’écrivain a donné le meilleur de lui-même durant les vingt premières années de sa carrière, créant les personnages et les situations les plus extraordinaires. Ce furent Cinq Semaines en ballon, Vingt Mille Lieues sous les mers, L’Île mystérieuse, Michel Strogoff, etc. Après, les muses l’ont un peu déserté. Reste que ce génial auteur d’anticipation a créé un genre nouveau, le roman scientifique, aussi captivant, estime Ghislain de Diesbach, pour les jeunes lecteurs que pour les adultes. Verne est un esprit universel et, cela est moins connu, un philosophe amer et lucide, peu optimiste sur le monde qui s’ouvre à lui. « Cela sera peut-être une fort ennuyeuse époque que celle où l’industrie absorbera tout à son profit ! écrivait-il. À force d’inventer des machines, les hommes se feront dévorer par elles. » Bien vu…
Charles-Henri d’Andigné
Plaisir de lire, 3e trimestre 2019
Jules Verne, féru de découvertes techniques, imagine comment le progrès peut enrichir infiniment l’avenir des hommes. Écrivain fécond, il enthousiasma la jeunesse tant que les médias audiovisuels issus de ce progrès ne la détournèrent pas du plaisir de lire. Pourtant, les noms des héros et les titres de quelques-unes de ses œuvres conservent leur célébrité. Ghislain de Diesbach n’écrit pas une biographie, mais il confronte certains principes reconnus comme « politiquement corrects » (racisme, féminisme, classes sociales, etc.) aux positions de Jules Verne déduites de celles de ses héros. Loin d’en dévaluer l’œuvre, cette étude pourra en générer une nouvelle lecture. L’accueil que reçurent les premières éditions de son livre (le Tour de Jules Verne en 80 livres), que l’auteur a relaté dans son dernier chapitre, permet une plus large compréhension et redouble l’intérêt de l’ouvrage. Pour qui ce livre ? Étudiants et adultes passionnés par la psychologie et la sociologie de cette époque.
Politique magazine, n° 183, septembre 2019
Jules Verne, moraliste amer
En 1969, Ghislain de Diesbach fait paraître un Tour de Jules Verne en quatre-vingts livres qui connaît un succès critique mais pas public. Réédité aujourd’hui, son titre insiste sur ce qui avait sans doute décontenancé les lecteurs de 69 : Jules Verne est raciste, misogyne, amoureux déçu de la science, bourgeois généreux mais pas socialiste, anglophobophile amer et, enfin, chrétien prisant plus la vengeance que le pardon.
On comprend que la distance entre l’écrivain consacré et l’image qu’on garde de ses héros ait surpris les lecteurs, d’autant que Diesbach divise son ouvrage en chapitres très clairs où il montre qu’il a lu attentivement les romans de Verne. S'il avance que pour l’auteur de Michel Strogoff les races sont inégales, il le prouve avec des citations minutieuses, une mise en perspective des romans les plus fameux et les moins connus. S'il soutient que la vengeance est un ressort constant, Nemo, Robur ou Mathias Sandorff en témoignent, il le démontre. Diesbach propose un voyage rapide dans l’œuvre, voyage qui révèle des paysages déconcertants, à proportion qu’on aurait dû déjà les observer, ouvre de nouvelles perspectives ou, enfin, organise des impressions confuses, qu'il cristallise (le rôle des femmes, par exemple). L’un des grands intérêts de cette "étude psychologique" de Verne à travers son œuvre, outre sa méthode radicalement proustienne, est l’exposé des évolutions de ses opinions et de ses humeurs, de plus en plus sombres. La déchéance physique et l’approche de la mort ne les expliquent pas seul. On sent que Verne, progressiste de cœur, a été peu un peu forcé de considérer le monde moderne comme l’avènement des pires passions, portées par les humains les plus vulgaires, et conduisant à l’anéantissement. C’est sans doute en cela qu’il fut vraiment visionnaire.
RS
Fiche technique
- Couverture
- souple
- Date de parution
- juin 2019
- Dimensions
- 13,5 x 20,5 cm
- Pages
- 320