L'épopée de la Vendée
Philippe Pichot-Bravard
Autour de 1830, un gentilhomme vendéen confie ses souvenirs sur la Révolution et les guerres de Vendée. Personnage injustement méconnu, le comte de La Helgue a nourri ses mémoires du récit de ses compagnons d’armes, gentilshommes et paysans.
Fidèle serviteur du roi Louis XVI, le comte de La Helgue est aux Tuileries le 10 août. Avec les siens, il échappe de justesse aux massacres de Septembre. Au mois de mars 1793, les paysans de sa paroisse d’Anjou viennent lui demander de prendre leur commandement. Avec son fils, ses amis et ses vassaux, il rejoint alors Bonchamps dont il est l’un des lieutenants. Il combat dans la Vendée, avant de suivre l’Armée catholique et royale dans la Virée de Galerne. Blessé lors de la déroute du Mans, rescapé de Savenay, il rentre sur ses terres prendre la tête de la résistance face aux colonnes infernales qui exterminent la population. Plus tard, il rejoint la chouannerie bretonne, combattant sous les ordres de Georges Cadoudal à la lisière de la forêt de Brocéliande. Au cours de ces années terribles, il voit mourir nombre de ses proches, noyés, guillotinés ou tués dans le bocage.
Son épopée s’identifie donc avec celle des guerres de Vendée, et sa plume enlevée témoigne au cœur des violences de la Révolution de cet esprit français qui fait tout le charme du XVIIIe siècle. Elle dépeint des manants prenant les armes pour défendre leur foi, leurs familles, leurs libertés et leur terre, illustrant la force d’âme de ces paysans et gentilshommes, unis dans une même résistance héroïque à la régénération totalitaire imposée par la Convention, fidèles à Dieu, fidèles au Roi.
De racines bretonnes et mayennaises, Philippe Pichot-Bravard vit à Angers, aux portes de la Vendée militaire. Il est historien du droit, maître de conférences H.D.R. à l’université de Brest. Outre plusieurs ouvrages et articles scientifiques, il a publié trois romans. Spécialiste de la Révolution française, il lui a consacré une étude (La Révolution française, Via Romana, 2015) couronnée par le Prix Renaissance.
Dans la presse
Le Figaro Histoire
On peut être un historien du droit et manier la plume avec bonheur. Philippe Pichot-Bravard en apporte une nouvelle preuve à travers ce roman historique qui plonge son lecteur dans la résistance antirévolutionnaire au temps de la guillotine.
Son héros est partout: en Vendée comme en Bretagne, contre la Convention et contre Napoléon. Derrière le récit, enlevé, vibrant de foi et de passion, l'auteur restitue avec précision toute l'épopée des fidèles de Dieu et du roi.
On trouvera peut-être que l'exaltation de la fidélité relève plus de la nostalgie que d'un projet politique. Mais, après tout, il s'agit ici de littérature et d'histoire…
Philippe Maxence
Famille chrétienne, n° 2234, 7-13 novembre 2020
Comment comprendre le soulèvement vendéen? Historien, auteur d’un livre sur la Révolution française, Philippe Pichot-Bravard a choisi le roman historique pour nous en montrer les principales facettes. Son narrateur, le vieux comte de la Helgue, gentilhomme d’Anjou, raconte ses souvenirs de rebelle. Ayant échappé aux massacres de septembre, il prend les armes et rejoint Bonchamps dont il sera un des lieutenants. L’auteur a mis beaucoup de lui-même dans ce héros imaginaire et plus vrai que nature, fidèle à Dieu et au roi. Son récit d’aventures est tragique, mais coloré et vivant, où se mêlent le pire et le meilleur, des violences atroces et des personnalités lumineuses, Cadoudal et La Rochejaquelein, Charette et Cathelineau…
Charles-Henri d’Andigné
La Nef, n° 330, novembre 2020
– Vous avez retracé « l’épopée de la Vendée » à travers les mémoires d’un personnage fictif ayant vécu ces événements : le comte de La Helgue. Pourquoi avoir choisi cette forme littéraire ?
Philippe Pichot-Bravard – L’Épopée de La Vendée raconte les guerres de Vendée en choisissant un angle original : autour de 1830, un gentilhomme angevin, le comte de La Helgue, réunit quelques-uns de ses anciens compagnons d’armes. Au coin du feu, dans l’esprit des veillées d’autrefois, ils se rappellent ce qu’ils ont vécu entre 1792 et 1800. Ce roman offre une triple lecture.
Tout d’abord, une lecture historique : il rapporte avec fidélité ce que fut la geste des Vendéens, entraînant le lecteur à la suite de l’Armée catholique et royale de Vendée, avant de l’emmener, en Mayenne et en Bretagne, dans les chemins creux de la chouannerie.
Ensuite, une lecture littéraire: le comte de La Helgue est un personnage fictif. Ses amis le sont également, ce qui a pour but de rendre le récit plus vivant en montrant comment des chrétiens ont pu traverser cette époque tumultueuse et effroyable, survivre, tout en demeurant fidèles à eux-mêmes. Le roman exalte l’esprit de résistance qui anima les Vendéens et les Chouans; des paysans dressés contre un régime totalitaire pour défendre la foi, leur famille, leurs libertés et leurs terres; des hommes qui puisèrent dans la foi et dans l’amitié la force de supporter les épreuves qui les accablèrent.
Enfin, une lecture poétique: si le cadre historique est soigneusement respecté, j’ai inventé des personnages qui participent aux guerres de Vendée; j’ai inventé deux paroisses, l’une en Anjou, l’autre en Bretagne, enfin d’offrir un cadre à leurs aventures. Nourri de la lecture des mémoires du temps et des archives de l’époque, je me suis employé à redonner vie à une époque révolue, prêtant un soin particulier aux détails de la vie quotidienne. L’Épopée de La Vendée invite le lecteur à un voyage dans le temps.
Qu’est-ce qui vous marque le plus dans ces guerres de Vendée? Quelles figures historiques notamment ?
Les guerres de Vendée illustrent le courage et l’abnégation de paysans qui ont bravé la Révolution pour défendre le sacerdoce catholique persécuté. La résistance des paysans de l’Ouest a commencé très humblement avec le dévouement des laboureurs qui offraient l’hospitalité aux prêtres persécutés et qui assistaient à leurs messes clandestines, leur permettant de remplir leur ministère en procurant aux âmes les sacrements dont elles avaient besoin. Lorsque ces paysans durent prendre les armes, ils veillèrent à combattre en chrétiens, comme l’illustrèrent le Pater de Maurice d’Elbée ou le Pardon de Bonchamps. Les principaux chefs des guerres de l’Ouest sont des modèles chevaleresques qui nous invitent à être exigeants avec nous-mêmes: Cathelineau, Charette, Monsieur Henri, Talmont, Cadoudal, Jambe d’Argent ou encore Frotté.
Comment expliquez-vous que la répression du soulèvement vendéen ait donné lieu à tant d’horreurs ?
La Révolution française fut une entreprise idéologique de régénération impliquant de faire table rase du passé pour fonder un monde nouveau et un homme nouveau, le citoyen, décrit par Jean de Viguerie. Les Vendéens ont refusé cette régénération. Aux yeux de la Convention, ils étaient des étrangers à la patrie révolutionnaire. Parce qu’ils refusaient d’être des citoyens, leur humanité devenait, pour les Jacobins, douteuse, comme l’a montré Xavier Martin. La politique d’extermination menée en Vendée s’inscrit dans le cadre plus large d’une politique de terreur visant à détruire tous les obstacles à la régénération révolutionnaire et à transformer l’homme en le soumettant, par la peur, au nouvel ordre idéologique.
Reynald Secher et Jacques Villemain affirment que les événements de Vendée sont un « génocide » : qu’en pensez-vous ?
J’adhère à la démonstration de Reynald Secher et de Jacques Villemain. En 1795, Babeuf évoquait le « populicide » entrepris en Vendée, soulignant l’ampleur de la politique d’extermination qui y fut menée. Comme l’a montré Xavier Martin, les Vendéens constituaient, aux yeux des Jacobins, une population à part qu’il fallait détruire. Les intentions des Jacobins en Vendée étaient génocidaires. Le reconnaître conduit à dévoiler la véritable nature de la Révolution, ce qui ne peut qu’ébranler les fondations mêmes d’une République qui puise dans cette Révolution son origine. Le souci de la vérité est donc délibérément sacrifié; nombre d’historiens, par souci de carrière, s’érigent en gardiens vigilants des dogmes historiques établis par le ministère de l’Éducation. La tragédie vendéenne est largement occultée de la mémoire historique française: que faire pour qu’elle ne le soit plus ? Faire connaître aux Français, inlassablement, ce qui s’est passé en Vendée.
Propos recueillis par Christophe Geffroy
Politique magazine, n° 196, novembre 2020
Philippe Pichot-Bravard est historien du droit. La matière est parfois sèche. Alors qu’à fréquenter les terres d’Anjou, à examiner les racines de notre pays, à scruter nos lois, comment ne pas avoir envie de faire sentir ce que c’était que d’être catholique, français et royaliste ? L’historien se fait alors romancier. À travers la figure imaginaire mais finement dessinée du comte de la Helgue, il raconte la grande épopée vendéenne, « pour Dieu, pour le Roi, pour les libertés, contre les missionnaires de la déesse Raison et les grands prêtres des Comités ». On voit que le conte a valeur de parabole ! Le comte a été de tous les coups, et il promène le lecteur, avec la sureté de celui qui a bonne mémoire, des bords du Rhin où il apprend que l’Ouest se révolte, à l’Anjou où il se jette dans l’insurrection. Il y croisera tous les géants, tels Bonchamps et Cotterau, et tous les maléfiques. Il vire à Galerne, échoue au Mans, rejoint Cadoudal et sans cesse le rêve s’éloigne. Le royaume n’existe plus que dans la mémoire et le cœur de ces derniers fidèles, où les paysans sont bien plus nombreux que les gentilshommes. Entre deux souvenirs vibrants ou amers, le comte, qui raconte en 1830 ses souvenir à la compagnie de ses amis, jette une anecdote savoureuse, comme cette madame du Buisson qui aida un maire, républicain zélé mais illettré, à dresser la liste des suspects – en lui faisant croire qu’il s’agit de remercier les bons citoyens. Le village fut ainsi dépeuplé de tous ses “patriotes” (les patauds !), le maire compris. Ceux qui quittèrent enfin la prison et revinrent manquèrent désormais de zèle. On le comprend, P. Pichot-Bravard raconte la grande histoire mais l’entrelarde de la petite, ayant judicieusement choisi un héros qui n’a rien de romantique ni de désespéré, qui se bat mais est lucide (le Comte d’Artois, immobile sur l’île d’Yeu, a beaucoup aidé à la lucidité des royalistes), et l’ayant flanqué de compagnons qui, chacun y allant de son propre récit, permettent de couvrir toute la période sans transformer La Helgue en centaure fabuleux, de parcourir tous les registres de l’émotion, d’évoquer toutes les dimensions de l’échec (les amis rejouent la partie à la toute fin du livre, et on rêve de cette uchronie où la victoire ne leur aurait pas échappé puisqu’évidemment il ne s’en était fallu que de peu), que La Helgue et ses comparses reculent le plus possible, se battant encore en 1799. On peut ne formuler qu’un regret : que l’auteur ne nous donne pas les sources de tous ces matériaux qu’il a si bien fondus et distillés.
Richard de Sèze
Fiche technique
- Couverture
- souple
- Date de parution
- juillet 2020
- Dimensions
- 16 x 24 cm
- Pages
- 312