La pensée catholique de Jean-Sébastien Bach : la messe en si
Maxence Caron
Le premier pas qui permet de parler d’un homme qui n’a jamais fait secret de son inspiration profondément chrétienne est celui qui ouvre l’accès à sa pensée, celui qui accepte de traverser l’œuvre que Bach a en toute conscience présentée comme sommet et testament : la Messe en si.
Jean-Sébastien Bach (1685-1750) est, avec Mozart et Beethoven, l’un des plus grands compositeurs de l’histoire de la musique. La littérature abonde sur l’homme qui, parmi tant d’autres chefs-d’œuvre, entendit et écrivit les Concertos Brandebourgeois, les trois centaines de Cantates, les Variations Goldberg, le Clavier bien tempéré, la Passion selon saint Matthieu, L’Art de la fugue, ou le continent des Œuvres pour orgue. Pourtant, aucun de ces nombreux ouvrages n’a jamais estimé nécessaire de se pencher sur la pensée de Bach, son inspiration d’artiste, et son approche des questions cruciales de l’existence humaine.
Le premier pas qui permet de parler d’un homme qui n’a jamais fait secret de son inspiration profondément chrétienne est celui qui ouvre l’accès à sa pensée, celui qui accepte de traverser l’œuvre que Bach a en toute conscience présentée comme sommet et testament : la Messe en si. Car c’est bien dans cette messe que s’exprime l’insoupçonnée pensée théologique et catholique de Jean-Sébastien Bach, dont la musique témoigne au plus profond de la foi en l’Eucharistie.
L’auteur
Lauréat de l’Académie française, agrégé de Philosophie, docteur ès Lettres, musicien, pianiste, musicologue, diplômé et médaillé en de nombreux domaines du Conservatoire National de Musique Maxence Caron est l’auteur de plusieurs livres parmi lesquels le roman Microcéphalopolis (Via Romana), le recueil Pages – Le Sens, la musique et les mots (Éd. Séguier), et l’important ouvrage La Vérité captive – De la philosophie (Ed. du Cerf), système nouveau de la philosophie et de son histoire. Directeur de collection aux Éditions du Cerf, il y a fondé les « Cahiers d’Histoire de la Philosophie » dont il a notamment dirigé les volumes sur Hegel, Heidegger et saint Augustin.
Du même auteur :
Microcéphalopolis
Le chant du veilleur
Journal inexorable
Dans la presse
L’Homme Nouveau, n° 1471, 5 juin 2010
Pour l’auteur de cet ouvrage très détaillé et parfois hermétique sur la composition de la Messe en si mineur de Bach, composée entre 1723 et 1749, les intentions du cantor de Leipzig se confondent avec la réalisation de son œuvre. En d’autres termes, si l’habit ne fait pas le moine, la liturgie de la sainte messe, malgré la thèse de Maxence Caron, ne génère pas forcément le catholique. Celui-ci s’escrime pourtant à nous montrer et démontrer les « preuves » de la présence trinitaire chez ce luthérien convaincu que fut Bach, mais ce qui émane du monde intérieur de l’artiste n’est pas nécessairement explicite pour celui qui écoute.
Nous savons qu’à l’époque, le grand Bach était désireux d’obtenir le titre de « compositeur de la cour » et le prince électeur de Saxe, luthérien, avait épousé une princesse polonaise, catholique ; en témoignent les deux églises, catholique et protestante, à proximité du palais royal de Dresde. La Messe, commencé par la composition du Kyrie et de Gloria, fut élargie au Credo, au Sanctus et à l’Agnus Dei dans la dernière année de sa vie ; on l’a donc considérée avec justesse comme son testament musical. Mais pour qu’on lise dans les pensées cursives d’un homme, fût-ce un génie de l’envergure de Bach, il faut dépasser le domaine musical et même le formellement religieux : car la musique magnifique de cette œuvre nous fait comprendre plus de choses que tout autre discours écrit.
Judith Cabaud
La Nef, n° 217, juillet-août 2010
Après Pages, le sens, la musique et les mots et La Vérité captive, Maxence Caron continue d’explorer le double chemin de la métaphysique et de la musique en prenant, cette fois-ci, pour lieu de réflexion celui-là même dont le nom, avec celui de Mozart, est devenu à bien des égards le synonyme de l’arts des muses, art dont Plotin nous rappelle que l’homme qui s’y adonne se place à rang égal du philosophe, directement à l’intérieur de la sphère de l’intelligible : Jean-Sébastien Bach.
Source d’une gigantesque bibliographie, Bach n’est pas de ces compositeurs inconnus que certaines époques ont oublié, tel Monteverdi dont le génie dut s’accommoder de quelques décennies d’ignorance, au contraire, il est plutôt à la mode ; ainsi, il est du meilleur ton de déclarer goûter ses mesures si l’on souhaite se donner l’air mélomane, quand bien même on ne les écoute pas véritablement. Dans ce cas, qu’est-ce que La pensée catholique de Jean-Sébastien Bach, la Messe en si, dont le titre seul, en plaçant « pensée » et « catholique » à son entrée, augure immédiatement d’un parti pris, sinon franchement iconoclaste du moins original, peut bien apporter à l’étude du musicien allemand, réputé luthérien ? Eh bien, c’est justement ce « blasphème » moderne qui motive l’ouvrage de Maxence Caron, en prenant la Messe en si à rebours d’une analyse strictement musicale pour en dérouler la puissance intemporelle à la lumière de cette pensée catholique qu’il révèle chez Bach, et dont il démontre avec une audace qui n’a d’égale que l’évidence qu’elle découvre, l’immense perspective métaphysique.
Autre qualité, et non des moindres puisqu’il est ici question de musique, la langue de Maxence Caron. Souffle magistral à l’intérieur duquel s’élabore une symphonie puissante, et qui possède le rare mérite de croiser dans ses phrases une prose intimement classique en même temps que moderne.
Rémi Lélian
Fiche technique
- Couverture
- souple
- Date de parution
- février 2010
- Dimensions
- 13.5 x 20.5 cm
- Pages
- 273